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Faurisson est devenu un vieux con. Un vieux con gâteux et sénile. Ceci n’est pas un règlement de compte, attention — je laisse ça aux boutiquiers de l’ex-pseudo « dissi-danse » — au contraire : vu son grand âge, je suis tout prêt à le lui pardonner, mais le fait demeure. Ce que je lui pardonne moins, en revanche, et ce qui est réellement déplorable — au sens à la fois de « déplorer » et d’ « indigne » — c’est qu’il se mette à TRAHIR et à RENIER les seuls qui l’ont soutenu dans son combat, au moment où il était isolé contre la machine judiciaire et les milices juives, dans les années 90. Ceux qui, par leur courage et leur dévouement, ont contribué à faire de lui ce qu’il est aujourd’hui. Dans une époque où tout est inversé, c’est le Christ qui trahit les apôtres : c’est ça qui est impardonnable. Surtout qu’il le fait, non pas pour trente deniers mais gratuitement, afin de bénéficier de la plaque tournante de Judas Soral et de Viguier Pilate qui, après l’avoir embrassé dans le sens du poil, n’hésiteront pas une seule seconde à lui planter tous les couteaux de l’ego, du business et du vol de propriété intellectuelle dans son dos si frêle qu’il risque fort de ne pas pouvoir en supporter autant. Et si, par malheur, il cassait sa pipe avant, eh bien Judas Soral se rabattrait sur le cadavre de l’infortuné, et il trouverait tous les soldats romains du monde à payer pour mentir et diffamer la mémoire du Professeur… de sa part, ça s’est déjà vu.
C’est une vidéo qui a mis le feu au poudre. Une vidéo diffusée sur la chaîne youtube ERTV, le média de Judas Soral. La scène se déroulait à la sortie de l’appel du procès pour le documentaire Un homme, et l’on y voyait Vincent Lapierre, la jeune précieuse, dernière recrue du harem de Bonnet, se frotter lubriquement au Professeur Faurisson en tendant un micro : « Professeur, Paul-Eric Blanrue, pourquoi n’est-il pas présent aujourd’hui ? » Et Faurisson, sûr de son petit effet, de répondre : « Parce qu’il a la trouille. » Absence totale de réaction. Du coup, le Prof utilise son truc pour faire marrer les gens, chaque humoriste a le sien, celui de parler en anglais : « Parce qu’il a le trrrouille. » Rires forcés. Joe Lecorbeau, qui était lui aussi présent, caméra au poing, tente timidement de prendre la défense de Blanrue, en prenant bien soin de rester copain avec son Robert chéri et en employant le tutoiement de rigueur, le tutoiement de celui qui en est : « Mais Soral a fait la même chose au procès de la Quenelle de Berlin, est-ce que tu penses que réellement c’est de la trouille ou est-ce que ce n’est pas plutôt de la stratégie ? » Faurisson persiste : « Non non, c’est de la trouille. » Et signe : « Il a osé dire « oui, j’ai interrogé Faurisson comme j’ai interrogé Uri Geller », qui est l’homme qui fait se déplacer par la pensée les petites cuillères. Alors, il paraît que moi, je suis un trompeur, de la même façon. Vous comprenez ? Peut-être que je le suis… attention hein, c’est pas exclu. » Il signe son arrêt, non pas de mort, mais de malhonnêteté. Pour la première fois de sa longue carrière, Robert Faurisson vient de MENTIR en conscience devant une caméra. Lapierre en profite pour fayoter, toujours en se frottant au Prof, d’une voix suintant la concupiscence : « Nous on vous soutient, Professeur Faurisson. » Fondu au noir, la vidéo s’achève sur la voix faiblarde de Faurisson qui lance à Joe Lecorbeau (mais le fondu fait croire que la phrase est à l’attention de Blanrue… un classique de la mauvaise foi et de la manipulation euhérienne) : « Vous, vous me soutenez, mais lui, il m’enfonce. » Soral se masturbe et jouit un poil trop vite, il croit tenir sa vengeance : Faurisson a menti pour lui, il a renié Blanrue en public et face caméra. Rideau… pour cet acte-ci, du moins.
Parce que finalement, lequel a trahi l’autre ? Blanrue en ne venant pas à l’appel du parquet, alors qu’il était présent aux dix heures d’audience qu’ont duré le procès principal et qu’il a passé deux heures à répondre aux questions de la juge sans renier le moins du monde ce qu’il avait fait ? Ou Faurisson, en mentant, alors qu’il sait très bien que Blanrue ne l’a JAMAIS comparé a Uri Geller ? J’étais là, j’ai tout vu. Pour la petite histoire (et aussi un peu pour la grande), voilà ce qui s’est dit EXACTEMENT (ma méthode reste faurissonienne : l’exactitude !) : madame la juge a demandé au camarade PEB de lui expliquer les circonstances de sa rencontre avec Faurisson, ce à quoi ce dernier a répondu la chose suivante, que je cite ici in extenso : « A l’époque, j’étais président d’un groupe de recherche qui s’appelait le Cercle Zététique, où nous démystifions, avec notamment le Professeur Henri Broch ou encore Gérard Majax, les escrocs, les faussaires. Pour se faire nous enquêtions sur les cas qui nous paraissaient suspects. Nous avons notamment démystifié Uri Geller, qui prétendait avoir des pouvoirs télékinétiques, avec une intervention brillante de Majax à la fin d’une émission de Polac à laquelle Geller était présent. Et puis, nous avons entendu parler d’un certain Faurisson, qui prétendait que les chambres à gaz n’avaient pas existé, alors nous avons décidé de nous pencher sur son cas. Je suis donc allé interroger Faurisson exactement dans le même esprit que celui où j’ai interrogé Uri Geller, en cherchant à voir si ce qu’il disait tenait la route ou non. Au final, je suis parvenu à démystifier Uri Geller, mais je n’ai jamais pu démystifier Faurisson. » Je laisse au lecteur le soin d’apprécier le fossé qu’il y a entre ce que prétend Faurisson devant la caméra de Soral et la réalité de ce que Blanrue a déclaré.
« Professeur, considérez-vous que Blanrue vous a trahi au cours du procès de dix heures auquel j’ai assisté, le 16 juin 2015, OUI OU NON ? »
Je me souviens que, quelques mois plus tôt, alors que Faurisson, dans les pages de l’hebdomadaire Rivarol, absolvait Dieudonné, qui venait d’annoncer qu’il lâchait le combat révisionniste, je lui avais envoyé un mail, afin de lui demander de m’expliquer comment il pouvait publiquement être si indulgent avec Dieudonné tandis que, poussé par Soral, il se montrait si dur avec Blanrue en privé. Je le lui demandais de la même manière dont lui-même avait demandé il y a quelques années au chauffeur de train filmé par Lanzmann dans Shoah ou au père d’Anne Frank de s’expliquer… je faisait du révisionnisme avec Faurisson, sur Faurisson et ses déclarations fantasques et foutraques. S’en est suivi un échange de mails que l’on peut, sans trop exagérer, qualifier de surréaliste. Je lui ai posé plusieurs fois CLAIREMENT la question suivante : « Professeur, considérez-vous que Blanrue vous a trahi au cours du procès de dix heures auquel j’ai assisté, le 16 juin 2015, OUI OU NON ? » La réponse à donner était pourtant simple : oui ou non… nous aurions tout le loisir de nous en expliquer ensuite, et j’attendais même qu’il développe. Mais avant de développer, encore fallait-il répondre… alors, Professeur, oui ou non ? Eh bien, la vérité, l’exactitude, ou quelque soit le nom qu’on voudra bien lui donner, m’oblige à le dire : je n’ai jamais reçu la moindre réponse claire de sa part. Pirouettes rhétoriques n’ont fait que s’enchaîner à bottages en touche, et même à locutions latines absconses, pour embrouiller la discussion. Alors qu’un simple mot, « oui » ou « non », aurait suffit. Bouquet final, en guise de conclusion : « Je ne dirai rien de bien ou de mal sur Blanrue ou Soral. » Nous étions en décembre 2015, cette résolution n’aura pas tenu six mois. Voilà qui résume à merveille toute la lâcheté intellectuelle de la dissidence, si morale qu’elle prétende être : quand Salim Laïbi fait du Soral sur Soral (recherche des dossiers gênants, du véritable nom, des casseroles, des frasques sexuelles, etc…), ce même Soral fait la petite chatte hystérique, et quand je fais du Faurisson sur Faurisson, ce même Faurisson BOTTE EN TOUCHE.
Ainsi, quand le 9 avril 2016, je me suis rendu au banquet anniversaire des soixante-cinq ans de Rivarol, et quand j’ai appris qu’il en serait l’invité surprise, je me suis dit « formidable, outre rencontrer Jérôme Bourbon, Henry de Lesquen et Jean-Marie Le Pen, je vais pouvoir interroger Faurisson en direct, les yeux dans les yeux. » Comme prévu, à la fin du repas, Bourbon s’est emparé du micro pour faire une annonce : « Mesdames et messieurs, chers amis, nous avons parmi nous une figure fondamentale de la résistance française actuelle, un homme d’un courage exemplaire, un homme héroïque : je vous demande de faire un triomphe au Professeur Robert Faurisson ! » Entouré alors d’une flopée de gardes du corps, Faurisson débarque, ovationné par une foule en liesse, scandant : « Faurisson a raison ! Faurisson a raison ! », comme ils avaient scandé quelques heures plus tôt : « Le Pen, président ! Le Pen, président ! » Le professeur traverse la populace, tel Johnny son armée de fans, pour monter à la tribune nous délivrer son spectacle habituel. Entendons-nous bien : accord total sur le fond de l’affaire, Auschwitz, le Zyklon B, les six millions, etc… mais sur la forme, Blanrue — le lââââââche Blanrue, n’est-ce pââââââs — a déjà enregistré SEPT HEURES de monologue autobiographique et démonstratif de Robert Faurisson, dont il a extrait une heure et demi de la substantifique moelle, et dont la plupart, voire la totalité, des personnes présentes dans la salle connaissait la teneur. Inutile, donc, et contre-productif, de rabâcher encore et toujours les mêmes sketchs, avec les mêmes personnages… à ce rythme-là, bientôt, les spectateurs pourront lancer à la cantonade le nom de leur morceau préféré : « Robert, fais-nous le sketch de « Mort à Laval » ! Robert, chante nous « Raul Hilberg et la télépathie consensuelle » ! » Et le vieux Johnny Faurisson, qui n’est plus que l’ombre de lui-même (je l’ai connu en 2011, il y a cinq ans, c’était autre chose), monterait sur scène avec sa guitare mal accordée, gratterait mollement quelques notes qui ne sonneraient plus qu’à moitié juste et, de sa voix éraillée et nasillardes, entamerait comme un automate la chanson demandée.
Il ne faut donc visiblement plus se demander pourquoi Faurisson a raison, il a raison parce qu’il est Faurisson. Tel est le point de départ obligé de tout questionnement sur ce sujet. Voilà tout.
Là, Johnny Faurisson parle des plombes, encore et encore, il revisite tout son répertoire in extenso… ad nauseam. Il nous raconte sa vie, son oeuvre, ses travaux, et ceux qui ont parlé de lui : il cite François Brigneau et Valérie Igounet… mais oublie Blanrue, qui a pourtant été celui qui l’a sorti de l’anonymat, en le présentant à Dieudonné d’une part, occasionnant involontairement le coup du Zénith, et en réalisant Un homme d’autre part, au cours du procès duquel RF s’est permis de dire qu’il avait le trrrrouille. Au bout d’un moment, Bourbon n’ayant réservé la salle que jusqu’à une certaine heure, un jeune employé vient taper sur l’épaule du bavard pour lui demander poliment de conclure… et Faurisson d’en profiter pour jouer son sketch de la victime : « On me fait signe que j’ai trop parlé… j’avais encore tant à vous dire… je me rends compte que je vais être obligé de bâcler la fin… mon bourreau… mon bourreau me laisse encore cinq minutes… » Il en prendra au moins le triple, développant au passage trois ou quatre autres points, puis il finira, de guerre lasse, par raconter quelques blagues écossaises, histoire d’assumer jusqu’au bout son nouveau statut de clown. Beaucoup d’artistes de renommée sont morts jeunes et dans des conditions mystérieuses à vingt-sept ans, créant sans le savoir le mythique « Club des 27 ». Faurisson, lui, n’est pas mort à vingt sept ans, mais à quatre-vingt-sept… intellectuellement, du moins. Bourbon reprend le micro : « Voilà, le Professeur Faurisson va devoir partir rapidement car il a un train à prendre. » Forcément, il aurait compris qu’il était venu pour faire un discours et non une conférence, on aurait peut-être eu un peu de temps pour discuter. Qu »importe, je vais quand même essayer de l’intercepter, malgré le service de sécu. Mais bon, il a parlé si longtemps qu’il m’a embrumé l’esprit dans une sorte de léthargie avec sa prose hypnotique. Je me souviens à peine de ce que j’avais à lui dire. Il sert des mains au passage, il arrive à ma hauteur, et me regarde : « Eh, mais je vous reconnais. » J’essaye de sauter sur cette occasion, de m’engouffrer dans cette mince brèche : « Professeur, une question, très rapide… » La sécurité s’interpose : « Non non non, Monsieur est pressé. » Je les suis, j’insiste : « Professeur, Professeur… pourquoi avez-vous menti à ERTV ? » Distrait, RF fait mine de ne pas entendre. Le vigile, hors de lui, me repousse violemment et passe au tutoiement : « Dégage, il n’a pas le temps ! » Une dame du public, en état de zombification avancé, devient hostile : « Oh, mais foutez lui la paix ! » Je deviens l’ennemi. Je m’éclipse alors, fou de rage.
La nouvelle méthode Faurisson, la méthode du Faurisson soralisée, la voici donc : dès qu’un avis différent se fait entendre, dès qu’une voix discordante résonne à mes sensibles oreilles, j’envoie la sécurité. Il se comporte avec ceux qui sont en désaccord comme ses adversaires se comportent avec lui : vos arguments ne m’intéressent pas messieurs, du moment que je peux faire entendre les miens. Bien sûr, manquant d’expérience et de vice, je m’y suis mal pris. Je n’aurais pas dû poser de question, j’aurais dû lui glisser une phrase à l’oreille, une phrase-clef qui puisse le travailler au-delà du banquet, qu’il puisse tourner et retourner dans son esprit au cours de son voyage de retour. Une phrase du type : « C’est très mal, ce que vous avez fait à Blanrue, Professeur. » Point. Rien de plus, une simple affirmation. Je voulais qu’il réponde à ce que je lui avais dit par mail en me regardant dans les yeux, mais j’ai mal évalué le temps que j’aurais pour lui dire ce que j’avais à lui dire. Tant pis, à charge de revanche. Après avoir joué mon coup, je suis resté encore quelques minutes pour discuter avec Pierre Panet, qui avait fini de cuver son vin pendant que Faurisson s’exprimait. « Franchement, Pierre, tu étais là toi aussi pendant les dix heures d’audience, en juin, nous y avons assisté tous les deux : tu as bien vu que Robert a menti quand il a dit que Blanrue l’avait comparé à Uri Geller, c’est faux, tu le sais. » Panet panique : « Ecoute Louis, on en reparlera, là je dois y aller, je suis hospitalisé en ce moment… tu as parfaitement raison de dire ce que tu viens de dire, c’est vrai… mais en fait c’est faux, je t’expliquerai. » Il ne faut donc visiblement plus se demander pourquoi Faurisson a raison, il a raison parce qu’il est Faurisson. Tel est le point de départ obligé de tout questionnement sur ce sujet. Voilà.
Au prochain acte, Professeur. Au prochain acte.
Louis-Egoïne de Large, 12 avril 2016